Non, ce n'est pas la journée de la femme

Pensée spéciale pour toi, la fâme

Nombreux·ses sont celleux qui ont du laisser échapper un grand soupir le matin du 8 mars après avoir aperçu une promotion « spéciale pour les femmes » à l'arrêt de bus.

Malgré une montée aux créneaux de nombreuses associations, ce 8 mars voit bien souvent son utilité première noyée dans les opérations marketing et les fausses bonnes intentions pour rendre hommage aux femmes, sans manquer au passage de propager un message sexiste (oui, la promotion sur les aspirateurs ou les rouges à lèvres, on pense à vous).

Ces actions sont devenues tellement courantes que la journaliste Nadia Daam a créé pour Slate un bingo du 8 mars où sont compilées toutes les mauvaises « bonnes idées » pour cette journée. Créé en 2016, il n'a malheureusement pas pris une ride :

Le 8 mars, c'est quoi alors ?

Remplaçons donc cette maudite « Journée de la femme » pour son appellation consacrée : « Journée internationale des droits des femmes » et le message se clarifie alors.

Tout d'abord, cette « femme » unique, gravée dans le marbre, passe au pluriel pour permettre d'abriter toutes les femmes, chacune porteuse de son identité, de son histoire, de ses valeurs, de ses envies et de ses besoins.

On y ajoute aussi la notion de droits. En effet, le 8 mars a un but : offrir une journée de mise en lumière des droits des femmes, leurs évolutions mais surtout ce qu'il reste encore à faire.

Enfin, la notion d'internationalité est importante : le combat des femmes en France n'est pas le même que dans les autres pays du monde. Il est important de ne pas perdre de vue les combats des autres pays pour la condition des femmes et savoir soutenir aussi ces luttes.

Bien sûr, une journée par an ne changera pas la face du monde pour les droits des femmes mais, utilisée à bon escient, elle peut permettre d'attirer l'attention des médias, des politiques et des publics sur  cette lutte où tant reste encore à faire :

- Il ne s'est passé qu'une semaine depuis la cérémonie des Césars et les effets sont encore palpables dans le débat public. Entre les récompenses attribuées à Roman Polanski, la chronique de Virginie Despentes et l'intervention d'Aïssa Maiga, les occasions n'ont pas manqué de laisser à chacun⋅e la possibilité de former son opinion.

- La magistrale introduction de la chronique de Marina Rollman (suivie par une chronique beaucoup moins intéressante et problématique à certains aspects) qui présente la nécessité de la prise en compte de tou⋅te⋅s les femmes.

- Le Time a choisi de mettre en avant 100 femmes à l'occasion de ce 8 mars à travers 100 couvertures de personnalités.

Cette année, le 8 mars tombe un dimanche, cela peut être l'occasion (si vous le souhaitez et le pouvez) de se réunir et de manifester notre mobilisation lors d'une marche pacifique.

Le 8 Mars est une journée dédiée à la sensibilisation, aux cris, aux luttes, aux révoltes, à la naissance des mouvements qui embrassent et défendent chaque femme dans son altérité. Ne le laissez pas devenir un objet marketing.