Coucou les jeunes ! Jeannette vous a manqué ? Et bien je suis de retour pour parler cul. Encore. Pour changer un peu aujourd’hui, j’ajoute une touche d’histoire et de science pour saucer le tout.
Si vous avez lu mon article “ L’extraordinaire business de la sexualité et de l’orgasme féminin ” vous savez déjà que la science et le cul c’est pas toujours ça. C’est parfois drôle mais souvent WTF. Parfois ça shame et ça fait mal.
Et dans certains cas, cerise sur le gâteau, c’est historiquement faux ! (Le mythe du vibro, c’est à toi que je m’adresse !)
So brace yourselves mes ami.es, ce que vous allez découvrir sera à jamais gravé dans votre mémoire.
Et c’est pour ça qu’on dit merci à Jeannette !
Wiggle wiggle !
Nous parlerons today d’une partie bien spécifique de notre anatomie : l’anus.
S’il y a quelques histoires sans fondement (best jeu de mots ever) qui traînent, il y a malheureusement de tristes inventions qui ont bel et bien existées.
Au 18ème siècle il existe ce qu’on appelle le Tobacco Smoke Enemas. C'est-à-dire un lavement par fumée de tabac. Oui, ça ne fait strictement aucun sens.
Alors pour qui? Pourquoi? Et surtout comment en sommes nous arrivé.es là?
Posons nous les vraies questions : qui est l’inventeur.trice de la soufflette à anus (c’est le petit nom que je lui donne <3 ) ?
Tout commence quand Christophe Colomb, lors de son expédition en Amérique en 1492, ramène le tabac en Europe. À ses débuts, la plante n'intéresse pas grand monde. C’est vers 1570, suite à la demande de Philippe II, roi d'Espagne, que Francisco Hernández, botaniste et médecin du roi commence à se pencher sur les nombreuses propriétés du tabac.
Alors Francisco commence tranquille ses petites recherches. “Chi va piano va sano” comme dirait l’autre.
Le tabac est relativement nouveau pour les européens, c’est fançy, mais que peut-on en faire? D’abord des cataplasmes comme analgésique. Ils sont utilisés pour soigner à peu près tout. Tu as mal à la tête - du tabac. Tu as mal aux genoux - du tabac. Tu as des problèmes aux poumons - du tabac (true story.)
Mais bon voilà on s’ennuie un peu avec ces petits pansements, ces fumigations, ces ingestions de graines.
Fast forward donc, nous arrivons maintenant au 18ème siècle
Là, on passe aux choses sérieuses. Pas le temps de niaiser les enfants !
Et si on se mettait de la fumée de tabac dans le cul? Ne me posez pas trop de questions, n’étant pas historienne, ni proctologue, j’ai moi-même quelques peines à faire le lien entre tabac - anus - médecine.
Mais voilà ce que j’ai cru comprendre : deux physiciens anglais, William Hawes et Thomas Cogan fondent en 1774 la Royal Humane Society, une organisation caritative ayant pour but de réanimer les personnes proches de passer l’arme à gauche, suite à une noyade dans la Tamise. C’est très spécifique mais encore une fois, no judgement !
Ces pauvres gens, qui par inadvertance, étant tombé.es dans la flotte se retrouvaient avec un lavement saveur cigarette. Après tout, si la gorge est obstruée, il faut bien passer par un chemin détourné pour se remettre d’aplomb.
Quoi de mieux que l’anus? Par cette respiration artificielle anale et en réchauffant les corps, les victimes pouvaient ainsi revenir à la vie.
Il est d’ailleurs intéressant de constater que la Royal Humane Society existe toujours ! Et si vous jetez un petit coup d'œil sur leur site internet, notamment dans la catégorie “histoire”, il y est écrit bien des choses mais nulle mention du Tobacco Smoke Enemas.
Pour finir sur cette magnifique invention qu’est le lavement au tabac, je vous cite un journal médical de 1811 :
"" The powers of the Tobacco Enema are so remarkable, that they have arrested the attention of practitioners in a remarkable manner. Of the effects and the method of exhibiting the smoke of Tobacco per anum, much has been written""
“ Les pouvoirs du lavement au tabac sont si remarquables qu'ils ont retenu l'attention des pratiquants d'une extraordinaire manière. De nombreux articles ont été écrits concernant les effets de l’exposition de la fumée de tabac per anum (par l’anus).”
Voilà voilà.
Maintenant que nous sommes entré.es dans le vif du sujet, il est temps d’aborder la question des (roulements de tambour) BUTT PLUGS !
Nombre d’entre vous sont en train de réfléchir à leurs toys de cul préférés, soigneusement et discrètement rangés. Quel est le rapport avec la science me demandez-vous?
Mais qu’en sais-je ? Adressez-vous plutôt à notre cher Dr. Young, créateur des Dr. Young's Ideal Rectal Dilators. Je vous mets une photo juste là, parce qu’une image vaut mille mots.
Il faut savoir qu’à la fin du 19ème siècle le butt plug (comme le tabac en son temps) prend bien soin de votre corps. Des maux de tête jusqu’aux problèmes de transit. Et puis c’est bien pratique, on peut toujours glisser un plug dans son sac, une migraine est si vite arrivée !
C’est une jolie invention qui nous vient des USA et qui perdurera jusqu'en 1940.
Au tout début du 20ème (en 1905 pour être exacte), il est donc possible de soigner la constipation grâce à ces extraordinaires Rectal Dilators du Dr Young.
[De nos jours, pour ce genre de petits problèmes de transit, je vous conseille plutôt de boire un peu d’Hepar. Mais comme le disait un grand sage “chacun sa route, chacun son chemin” ]
Très honnêtement il est difficile de savoir qui est le docteur Young en question. Et si vous avez plus d’infos à ce sujet, n’hésitez pas à m’en faire part ! Les publicités étaient bien signées de F.E Young & Co à Chicago, mais il semble que ces rectal dilators tiennent plutôt de la “patent medecine” aussi appelée ""nostrum"". C'est-à-dire un produit qui est commercialisé comme le fruit d’une recherche scientifique mais qui est fait de la pseudoscience : un outil bien marketé mais dont l’efficacité n’a jamais été prouvée.
J’aimerais dire “comme l’homéopathie” mais je vais me faire engueuler.
Il faut attendre 1940 pour que l'extraordinaire Rectal Dilators soit retiré du marché. Personnellement je trouve ça un peu long, mais bon, je ne suis ni experte en médecine et encore moins en marketing.
5000 candles in the wind
Parlons maintenant bougie ! Bougie dans l'urètre, bougie dans le vagin, bougie dans l'œsophage, bougie dans le cul ! Vous vous dîtes “Que diable Jeannette, nous n’en pouvons plus !”
Mais non ! L’instruction c’est important les enfants !
Dans un premier temps, je vous rassure il ne s’agit pas de “bougie bougie”. Pas de cierge non. Le terme “bougie” désigne un instrument de chirurgie plus ou moins rigide que l'on introduit dans un canal (comme l'urètre par exemple) pour le dilater et ainsi l’explorer. Est-ce que c’est plus rassurant? Je ne sais pas.
Est-ce un véritable outil médical que nous utilisons toujours régulièrement. Oui.
Il y a un joli terme qui désigne l’utilisation de ces fameuses bougies dans le domaine médical : e que s'appelorio le bougirage.
La première utilisation de la bougie (et donc son invention) nous vient de John Hunter (1728 - 1793), chirurgien écossais réputé. Fort savant, le monsieur a participé à de nombreuses avancées scientifiques en publiant notamment des papiers sur les maladies vénériennes et l’utilisation de bougies pour les soigner.
Comme j’aime diguer bien profondément (les blagues sur le cul, c’est sans fin) des infos pour être le plus juste possible, je me suis cassée le cerveau pour vous.
J’ai lu des traductions d’ouvrages de John Hunter datant de 1843 en espérant trouver le composition de ces fameuses bougies. Rien.
Alors je me suis intéressée à Jacques Daran, chirurgien Ordinaire du Roi Louis XV, qui, je cite :
“[il] découvrit un moyen de guérir les rétrécissements de l'urètre par l'emploi de bougies, secret qu'il garda jalousement pendant 50 ans.”
Bel état d’esprit Jacques ! Quand on est sympa on partage les infos avec ses camarades !
Mais je ne me suis pas démontée et je suis tombée, (bien caché au fond des internets), sur son livre expliquant en détail la qualité de son travail.
Je vous mets une petite photo de la couverture du bouquin parce que ça vaut le coup :
J’aime bien, ça fleure bon l’autosatisfaction cette petite introduction. Goal 2021 : avoir autant de self-estime que Jacques Daran.
Pour revenir au cœur du sujet, quel matériau est utilisé pour insérer ces bougies? On utilise souvent du plomb mais Daran à une préférence pour le cuir, pour que l’insertion se fasse plus en douceur et pour éviter toute déchirure.
Au grand soulagement de Jean-Jacques Rousseau qui devait s’en servir couramment.
Les bougies en elles-mêmes sont composées de différents ingrédients. Comme il est difficile et long de les lister, je vous laisse apprécier quelques détails de notre bon Jacques :
Vous trouverez la suite de cette belle potion dans le livre cité plus haut. Vous pourrez y trouver tout un tas de précisions, que, pour ma part, je regrette d’avoir lu.
Une brûlure de la rétine n’est jamais très loin.
Et c’est ainsi que notre extraordinaire aventure sur la science et (dans) le cul s’achève.
J’espère vous avoir apporté quelques connaissances, à partager entre ami.es, en famille.
N’oubliez pas, je reste toujours présente ! Pour discuter, échanger, il vous suffit de m’envoyer un petit mail à jeannette@point-q.com
Love sur le monde